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No Finish Line Nice : la belle histoire de la marcheuse Siriporn Roongjira

Siri Roongjira avec son guide Stéphane Duflot ©André Faure
Siri Roongjira avec son guide Stéphane Duflot ©André Faure
La marche arrive en force à la No Finish Line Nice, une course solidaire au profit des enfants qui a eu lieu du 10 au 14 mai derniers. On trouve ainsi dans le top 15 du podium cinq marcheurs (trois en marche sportive et deux en marche athlétique*), dont la 2ème féminine Siriporn Roongjira. Focus sur cette dernière, une malvoyante de 46 ans qui a parcouru en 5 jours 345 km.

Malvoyante et championne

D’origine thaïlandaise, Siriporn Roongjira a perdu la vue au sortir du confinement en 2020. Elle est atteinte de rétinite pigmentaire, ce qui entraîne un rétrécissement de son champ visuel (vision en tunnel) et une perte de la vision nocturne. Lorsqu’elle perd la vue, cette habitante de Roquebrune-Cap Martin, perd aussi son emploi de repasseuse dans un hôtel de Monaco. Ce qui va la sauver c’est le sport : elle commence par faire du tandem avec l’antenne de Menton de l’Association Valentin Haüy (AVH) de Nice, puis se met à la marche sportive (voir notre article Neuf types de marche).

Siriporn Roongjira avec sa guide Cathy ©André Faure
Siriporn Roongjira avec sa guide Cathy ©André Faure

 

En novembre dernier elle décide de s’inscrire à la No Finish Line Monaco, la grande sœur de la No Finish Line Nice, créée il y a 24 ans par Philippe Verdier. Sur les 8 jours que dure la course, elle va marcher 160 km, soit 20km par jour. Elle marche avec des guides de l’AVH de Nice, dont Stéphane Duflot, et aussi toute seule avec sa canne. Impressionné par sa détermination, Stéphane décide de l’accompagner pour la No Finish Line Nice.

345 km en 5 jours

« Siri » comme la surnomme Stéphane Duflot, son guide devenu son coach, se fixe un objectif ambitieux : faire 40km par jour, le double de ce qu’elle a fait à Monaco. Elle en fera beaucoup plus, poussée par la volonté d’obtenir un podium. Grâce à toute une équipe de guides de l’AVH qui se relaient auprès d’elle de 5h du matin jusqu’à 23h (Cathy, la femme de Stéphane, José, Luc, Véronique et Stéphane), « Siri » avale les km. Au bout de 48h elle dépasse la troisième féminine Fouzia Lahmer et décide de partir à la poursuite de la première Annick Fouchard-Djebli.

Siriporn Roongjira ©)André Faure
Siriporn Roongjira ©)André Faure

 

Une véritable course poursuite s’engage entre ces deux championnes, la coureuse et la marcheuse avec « Siri » qui grapille les km dans la nuit du samedi au dimanche. Mais finalement Annick tient bon et améliore son record de 4km avec un total de 369 km, tandis que « Siri » réalise un score de 345 km ! Pour son entraîneur Stéphane, c’est la joie : « ma récompense c’est de voir son grand sourire et son enthousiasme », souligne -t-il. Cet ingénieur informaticien ultra-traileur et marathonien s’est transformé en coach dans le cadre d’un mécénat de compétence qu’il exerce auprès de l’AVH. Il a su s’adapter au rythme de « Siri » et lui fait travailler des fractionnés pour aller toujours plus vite.

Le rêve du marathon

Au niveau de la technique de marche, Stéphane insiste sur le balancier des bras qui doit être symétrique. Le coach a également mis au point un réglage du cordon qui relie les deux membres du duo guide-malvoyant : celui-ci est rallongé lorsqu’il y a une grande différence de taille entre le guide et la personne malvoyante. Autre point important : savoir bien respirer. Dans ce domaine « Siri » part avec un handicap car elle n’arrive pas à bien respirer à l’effort suite à un problème de cordes vocales dû à sa thyroïde.

 

Cela ne l’empêche pas de vouloir aller toujours plus loin. Elle s’est mise à la course à pied avec Stéphane, ce qui est rare pour un (e) malvoyant et rêve de réaliser un marathon. Elle a déjà gagné en avril dernier la Ronde des Plages à Menton (10km) dans la catégorie handisport. D’ores et déjà elle prévoit de s’inscrire à la prochaine No Finish Line Nice avec un seul objectif : la gagner !

Elle pourrait trouver sur son chemin d’autres marcheuses qui pratiquent pour leur part la marche athlétique, une discipline olympique, comme la niçoise Morgane Ausello du club Nice Côte d’Azur Athlétisme, championne de France 24h, qui envisage d’y participer pour la première fois durant les 5 jours (24h/24) en 2024. Celle-ci est entraînée par Dominique Eche, qui coache également deux autres marcheurs athlétiques présents dans le top 15 de la No Finish Line Nice édition 2023 : René Steno, 72 ans, (11ème du classement avec 316 km) et Nathalie Delong, également malvoyante, (15ème du classement avec 286 km).

Morgane Ausello ©André Faure
Morgane Ausello ©André Faure

* 5 marcheurs (es) dans le Top 15 de la No Finish Line Nice 2023

  • Siriporn Roongjira : 7ème au scratch, 1ère féminine (345 km)
  • René Steno : 11ème au scratch (316 km)
  • Dominique Odouard : 12ème au scratch (309 km)
  • Florence Barbier : 13ème au scratch, 4ème féminine (299 km)
  • Nathalie Delong : 15ème au scratch (286 km)

Isabelle Verdier

Journaliste, fondatrice du site Pratique Marche Nordique

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