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Accueil | Gérard Bernabé : « La marche nordique, ce doit être félin et aérien »
Avec plus de 850 encadrants formés depuis 2003, Gérard Bernabé est une référence dans le domaine de la marche nordique. Auteur du livre La marche nordique Atout Santé®, il défend à 70 ans avec toujours autant d’exigence et de passion l’idée d’une technique à respecter et d’un geste souple et félin, y compris pour le passage d’obstacles dont il s’est fait une spécialité. Interview.
Comment es-tu venu à la marche nordique ?
Né à Paris d’une mère bretonne et d’un père antillais, j’ai découvert la marche nordique en 2000 à 48 ans lors d’un stage organisé par l’EPGV pour ses animatrices(teurs) au CREPS de Montry. J’étais devenu éducateur sportif en 1996 à la suite d’une reconversion après un licenciement dans mon premier métier de fraiseur, pointeur outilleur P3. Lors de ce stage, j’ai eu une révélation : je marchais pieds nus et j’ai ressenti combien mon squelette pouvait s’alléger grâce aux bâtons.
J’ai ensuite été formé à la marche nordique par Arja Jalkanen-Meyer dans le cadre de la Fédération de NordicWalking qui existait à l’époque, puis j’ai pris sa succession lorsqu’elle a voulu arrêter en 2003 les formations d’encadrants. A la même période j’ai également créé un club de marche nordique : “En marche vers la forme®” à Combs-la-Ville en Seine-et-Marne où j’habite. J’ai été le président de ce club jusqu’en 2015, puis élu président d’honneur.
Depuis 2019, je suis directeur technique d’un autre club que j’ai rejoint Marche Nordique Atout Santé Sénart 77 . J’ai également été membre de La Fédération de marche nordique créée en 2000, qui n’a pas obtenu son accréditation auprès du ministère des Sports. A la place, c’est la Fédération française d’athlétisme (FFA) qui a obtenu la délégation, notamment pour organiser des compétitions, ce qui a donné un coup de boost à la marche nordique. Par ailleurs, je suis aussi moniteur de voile, entraîneur d’aviron, et initiateur de tir à l’arc. J’ai également pratiqué le karaté et l’aïkido et j’ai été surveillant de baignade et initiateur de canoé-kayak.
Peux-tu expliquer la spécificité de ta méthode ?
En marche nordique, le geste actif se fait vers l’arrière et le retour du bras vers l’avant est passif. C’est un geste technique qui demande un processus d’apprentissage beaucoup plus long qu’on ne l’imagine. Je suis moi-même toujours en recherche pour améliorer ma technique après 22 années de pratique… C’est pourquoi je préconise de nombreux exercices à faire (toujours avec les bâtons) lors d’une séance, y compris les échauffements et les étirements qui sont très importants. Ces derniers sont trop souvent négligés et mal effectués sur des muscles non relâchés. Tous ces exercices sont expliqués dans mon livre avec des indications précises à respecter.
Autre principe : celui du relâchement des épaules et de la souplesse. Le mouvement doit être félin (pas bourrin) et effectué avec légèreté. Parmi les exercices que je propose, celui des bouteilles est important car il permet de bien sentir le retour passif du bras vers l’avant. Il faut prendre pour cela des bouteilles à goulot étroit (type Quézac) et balancer le bras d’avant en arrière en ayant l’épaule relâchée. La marche nordique c’est un peu le même principe que l’aviron : les forces se cumulent et permettent une accélération. Contrairement à la marche ordinaire où les jambes sont motrices, en marche nordique, ce sont les bras qui sont moteurs.
Tu es aussi le spécialiste de franchissement d’obstacles ?
Un chapitre de mon livre est exclusivement consacré au franchissement d’obstacles pour pouvoir marcher nordique sur tous les terrains. J’ai développé pour cela différentes techniques de prise en main du bâton selon la hauteur et la longueur de l’obstacle. Je préconise ainsi la prise « tenue crayon » (bras tendus, parallèles entre eux) pour les obstacles bas et/ou court et la prise « d’Artagnan » (avant-bras dans l’alignement des bâtons) pour les obstacles plus hauts et/ou larges. Pour réaliser ces exercices, tous les détails sont importants, dont les bâtons qui ne doivent pas avoir de gantelets à clips. Ceux-ci doivent être à la bonne taille, ni trop courts ni trop longs. Pour la marche sur bitume, je recommande des bâtons plus courts de 5 cm.
Pour ma part, je me suis créé mes propres bâtons customisés : anciennes double pointe Guidetti qui permettent une bonne accroche dans les montées et descentes avec en prime un anti-enfoncement efficace ; corps “KV+”, qui accepte également en plus de la marche, les contraintes liées aux sauts et passages d’obstacles ; poignées “Exel” (pro année 2000) douces pour la main par rapport à ma pratique et gantelets type “One Way” sans clip, qui me donnent la liberté de mouvements (si bien réglés).
Quelle est ta vision de la marche nordique dans le futur ?
La marche nordique considérée comme un atout santé a un bel avenir devant elle. Plusieurs professionnels de la santé en ont témoigné dans mon livre dont un rhumatologue, Yann Gouriff et trois kinésithérapeutes : Bénédicte Meyer, Christophe Fayolle, et Vincent Rousseau. L’ancien président des diabétiques de France, Claude Sokolowsky, y a témoigné également. Et il ne faut pas opposer la compétition et le sport-santé. Pour l’anecdote, j’ai participé en 2007 à la première compétition de marche nordique lors du marathon Sénart et j’y ai fini troisième…
Je pense également à la relève car je souhaite transmettre ma méthode. J’ai rassemblé autour de moi une équipe de cinq personnes avec laquelle je travaille sur le sujet et on avance bien.
Et vous, avez-vous participé à un stage avec Gérard Bernabé ? Qu’en avez-vous retiré ? Enseignez-vous avec la méthode Atout Santé ? N’hésitez pas à envoyer vos réactions !
Livre : Gérard Bernabé : La marche nordique Atout Santé®