On mouille notre nouveau maillot…
Ça y est ! Notre départ du Quimper Athlétisme est officiel ; nous marchons maintenant sous les couleurs vert pomme et bleu de Courir à Saint-Avé, où nous avons été accueillis avec la chaleur et la bonne humeur toutes vénètes. Chaleur, en effet, puisque nous avons démarré nos entraînements par un test de VMA optimale de 6mn le 29 août, sous 30 degrés. Le célèbre microclimat du Golfe du Morbihan… (lire Notre Ultra Marin 2022).
Nous avons beaucoup à apprendre auprès de Nathalie et Jean-Yves Jaunet, Jean-Yves Caudal, Olivier Guillemin et tous les autres excellents marcheurs qui composent cette équipe de vrai•e•s compétiteurs•rices. Nous voilà à porter le maillot des « CASA » avec notre énergie à max et notre enthousiasme (illimité).
Après un petit échauffement de 14 kilomètres à Clisson, une marche de Bretagne, avec du dénivelé en veux-tu en-voilà, des surprises aquatiques qui m’ont fait inventer le crawl nordique (note à moi-même : penser à déposer la marque…), ce week-end du 24/25 septembre, ça ne rigole plus. C’est un doublé : la Roazhon à Rennes (13 km) samedi à 15h et les Foulées de Kerozer à Saint-Avé dimanche matin à 8h30 (10km). Nous prenons nos affaires pour deux jours et donnons rendez-vous sur une aire de covoiturage aux camarades de CASA.
La Roazhon : déterminés sur la ligne de départ
Départ à 15h10 pour La Nordique. Cette épreuve s’intégrait à un grand week-end sportif organisé de main de maître par le Stade Rennais d’Athlétisme (SRA). Après quelques aléas techniques causés par une panne internet, nous pouvons enfin récupérer nos dossards. La puce est accrochée à mes Hoka flambant neuves (je m’la pète à mort). Le soleil tape assez dur, la casquette sera de mise. Ne plus tarder à rejoindre le stade pour un départ attendu avec impatience.
Les championnes du SRA sont déjà là, tendues et concentrées. Pas de dispersion. Sauf pour moi qui papote avec Mirabelle et Loïc, Céline et Denis du HBA (Haute-Bretagne Athlétisme), Nathalie et Jean-Pierre des Achards. Claude Larmoyer (alias Claude Nordique sur Facebook) me demande de poser pour lui. C’est la consécration ! Sur la ligne, les athlètes se placent spontanément. Le sentiment de la course à gagner est bel et bien là, palpable dans l’air. Cette épreuve sert de plus à une application expérimentale du règlement modifié (nous en reparlerons).
La Roazhon : Les Guillemin au taquet
Olivier Guillemin et Christophe Guillemin sont au taquet. Rien ne saurait les sortir de la course. Ils vont se livrer un combat sans merci, c’est certain. Leur course sera mémorable, renouant avec l’esprit chevaleresque des tournois. Dommage que nous, humbles mortels de la MN, ne verrons rien de leur bataille, sinon d’émouvantes images captées par les photographes à leur arrivée, mano a mano, puis dans les bras l’un de l’autre. Elodie Besnier-Kervern et Marie-Agnès Briand sont déterminées, sous le regard tout aussi vibrant de France Allain. Sur la ligne de départ, je retrouve l’amie Martine Hameillon, marcheuse et juge, qui m’avait initiée à ma toute première compétition en juin 2021, souvenir qui nous paraît à une éternité. À son prénom, Pascal se redresse aussitôt, mû par un réflexe pavlovien…
Face à la pléthore de cadors présents, Pascal, abonné sur les courses locales à la 4ème place, décide pour celle-ci de me servir de lièvre. Mais bon, faut reconnaître qu’il est bel et bien fini, le temps où je pouvais l’avoir encore à vue au 5ème kilomètre. Je m’accroche aux talons de Nathalie Liard, ma copine des Achards, avec qui je viens d’enchaîner les courses de Saint-Avé, l’Ultra-Marin et Clisson. Cette fois, c’est elle qui impulse la cadence.
Céline Beucher nous dépasse en nous disant “ah ben, les filles, j’ai mis cinq kilomètres à vous rattraper”. Je lui réponds par un plaintif “7,12 mn/km de moyenne, c’est un poil rapide pour moi…”. Nathalie me lâche, elle a la patate (c’est de bonne guerre). Je m’accroche de toutes mes forces sur le passage sablonneux, je remonte la pente, Nathalie n’est plus trop loin devant. C’est encore rattrapable, me dis-je.
La Roazhon : des crampes pour moi et Pascal en mode tranquille
Mais hélas, c’est sans compter sur une poupée vaudou avec laquelle devait jouer un dieu de la marche nordique en me plantant des épingles dans le ventre. Une peau de vache, sans doute cette divinité. Car je souffre comme si une baïonnette me transperçait le ventre. Mes tout nouveaux abdominaux sont en feu. Je ne peux plus avancer. Mes forces me quittent d’un seul coup. Je dis au gars devant moi “C’est bon, j’ai mon compte, abandonne-moi là, sauve ta peau !”. Je m’imagine une péritonite foudroyante, une mort prochaine avant d’arriver à l’hosto, je commence à répartir mon héritage de bandes dessinées entre mes deux enfants. Bon, j’ai simplement eu pour la première fois de ma vie une crampe abdominale. Le premier qui rigole…
Pendant ce temps, Pascal continue tambour battant. Il a parfaitement géré son passage dans le sable. Il a même adoré, fanfaronne-t-il… Il marche avec Stéphane Grégoire et Jean-Pierre Liard. Jean-Pierre et lui décident d’attendre Stéphane, qui s’est ralenti dans le sable. Que s’est-il donc passé ? Tous les marcheurs voient tout à coup Stéphane marcher au pas de sénateur et se posent la question. “Tu es blessé, Stéphane ?” Non, Stéphane se balade et tient compagnie à TOUS les marcheurs en arrière. Ainsi, il reste avec moi cinq minutes. C’était si imprévisible et drôle que cette image restera un très beau souvenir. Il est dernier de la course et remporte son singulier et sympathique challenge aux côtés de Claude Larmoyer.
Pascal termine moins d’une minute devant Jean-Pierre Liard, en 1:34:22 et Nathalie Liard quasi deux minutes devant moi diminuée par ces crampes musculaires. J’aurais appris un truc. Et en plus, la vraie classe, c’est que Denis Leux et Erwan Pellerin ont souffert du même mal, sans doute eux aussi dans le collimateur du Dieu sadique. Nous décidons de les soigner par quelques verres de bière et une galette saucisse savourée tous ensemble en train de refaire le petit monde de la marche nordique !
Les Foulées de Kerozer : faire mieux que l’an dernier
Départ à 8h30. Une petite nuit chez des copains d’Auray, le réveil mis à 6h, départ à 7h. Pour une arrivée sur zone à 7h30, une heure avant le départ. C’est mon timing, j’aime bien être en avance. Pascal, lui, s’en fiche un peu. De toutes façons, il finira devant. C’est notre première “seconde édition” d’une course : celle-ci nous l’avons déjà faite l’an passé. J’avais fini sur le podium à la seconde place, après une course acrobatique (j’étais alors dans ma phase “vol plané”).
Pascal et moi, sans nous concerter, avions en notre for intérieur le souhait de progresser et de faire une belle course, esthétique dans la gestuelle, sous les regards attentifs de Nathalie et Jean-Pierre Jaunet à vélo, et stratégique dans la tenue de route. C’est encore un beau loupé pour moi, qui m’égare vers le 6ème kilomètre. J’ai démarré vite et fort, pour semer mes adversaires féminines, ou en tous les cas, mettre suffisamment de distance pour m’assurer un peu de tranquillité et me concentrer sur le parcours sinueux, parfois escarpé, souvent plein d’embûches.
Depuis quelques mois, j’ai rompu avec ma période vol plané. J’inaugure celle de perdre les marques. Me voici sur un sentier en contre-bas d’un coteau quand je ne vois plus de rubalise ; je crois entendre des bruits de bâtons au-dessus de moi. Je décide de couper à flanc de coteaux, en grimpant à l’aide des mains, comme je peux, pour ne pas dévaler. Ma course est fichue. Les filles ont dû passer loin devant. Je ne comprends plus du tout le chemin, je ne vois aucun sentier, j’enjambe des troncs d’arbres et m’enfonce dans les ronces.
Les Foulées de Kerozer : égarée dans la pampa…
Je vais finir ici, telle Robinson, oubliée de tous, à manger des glands écrasés. Je redescends sur le sentier du bas, je reprends mon plus beau style nordique ; au moins je m’entraîne ! – je me dis pour me donner un coup de pied au train. Et hop, à l’instant, tels deux rennes splendides et altiers, mais dénués de ramures, je vois passer devant moi la seconde locomotive de Saint-Avé, à savoir Bruno Pedrono et Pascal. S’ils sont surpris de me voir, comprenant que je me suis égarée dans la pampa, eux aussi vont se tromper de chemin, plus loin, au niveau des étangs.
Le balisage et les autres courses qui se déroulent en même temps perturbent notre orientation. Ils finissent 5ème et 6ème sur la ligne d’arrivée, Bruno au bénéfice de l’âge. Ils bouclent leur 10km en 1h15. Pascal est toujours content. Du moment que le réveil matinal, l’arrivée dans la nuit et l’échauffement au radar sont compensés par un moment convivial à la buvette avec la tournée des bières bretonnes, tout va bien.
Les Foulées de Kerozer : faire le plein de « plijadur »
Quant à moi, ma première place a été sauvée par l’explication à l’arrivée de la première féminine à franchir la ligne, Violaine, une camarade de Saint-Avé dont la course a été amputée d’un bon kilomètre. Mon compteur affiche 10km 300, comme mes camarades hommes. Malgré mon premier petit raccourci, je me suis à nouveau désorientée sur la grande ligne droite, longue de 800 mètres, dépourvue de balise. Il en manquait probablement quelques-unes pour rassurer les marcheurs et marcheuses.
Le bon classement féminin est rétabli sur le podium : 2ème Edith le Yaouank, 3ème Violaine Virapatis et moi 1ère (toutes les trois des « CASA »). Chez les hommes, ô surprise, c’est Olivier Guillemin qui l’emporte ! Suivi de Gilles Le Sommer, de Baden, et Stéphane Guégan, de Colpo.
Ce qui compte, c’est de faire le plein de plijadur (plaisir en breton) ! Ce qui pour notre grand bonheur est atteint, grâce à l’investissement de toutes ces personnes qui se lèvent encore plus tôt que nous pour faire vivre les courses locales et/ou à label, comme à Rennes.
Un grand merci aux bénévoles !