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Nordicpat : « Mon défi, le chemin de Stevenson en marche nordique »

Nordicpat sur le chemin de Stevenson ©DR
Nordicpat sur le chemin de Stevenson ©DR
C'est sans âne et équipé d’un gros sac à dos et d'une paire de bâtons de marche nordique que Patrice Davion, auteur du blog de Nordicpat, est parti 15 jours en avril dernier sur le Chemin de Stevenson. Après 286 km parcourus entre Le Puy en Velay et Alès en toute liberté et autonomie, interview inspirante et inspirée d’un marcheur quadrupède.

Pourquoi avoir choisi de faire le Chemin de Stevenson en marche nordique ?

Patrice : J’avais envie de faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire, seul, sur une marche au long cours. Le voyage dans les Cévennes de Robert Louis Stevenson avec son ânesse Modestine m’a beaucoup inspiré. Comme lui, j’ai voulu effectuer ce périple sans contrainte, donc sans réservation ni planning préétabli en alternant des nuits en bivouac en pleine nature, en camping et en hôtel. Avec l’idée de suivre ses traces en totale liberté au fil des pas, des paysages et des rencontres.

Et aussi d’être en autonomie en portant moi-même mon sac à dos avec le matériel nécessaire. Passionné de marche nordique, c’est naturellement que j’ai opté pour ce mode de marche en sachant très bien que cela allait alléger mes articulations, notamment par rapport au poids de mon sac (entre 18 et 20 kg avec le ravitaillement).

Peux-tu nous préciser l’intérêt d’utiliser des bâtons de marche nordique ?

Patrice : Contrairement à ce que l’on peut penser à priori, l’aide apportée par les bâtons de marche nordique est vraiment appréciable même avec un sac, notamment dans les montées et les descentes. La poussée sur les bâtons allège significativement l’effort musculaire et articulaire des jambes et des hanches : on se sent plus léger ! Par contre, les muscles du dos et des épaules sont plus sollicités, ce qui nécessite une bonne musculation du haut du corps.

J’ai beaucoup utilisé le double appui simultané pour les montées. Lorsque j’ai cassé un de mes bâtons (des Excel 100% carbone) en le coinçant entre deux rochers lors de l’étape du mont Lozère (Jour 9), j’ai dû ensuite me satisfaire d’un seul, en utilisant la technique « Pino » (du nom de Pino Dellasega) et, là, j’ai encore mieux ressenti l’intérêt des bâtons pour la propulsion, particulièrement dans les montées.

Peux-tu nous raconter un de tes meilleurs moments passé sur ce chemin de Stevenson ?

Patrice : J’en citerai deux. Le premier c’est le dernier bivouac que j’ai fait lors de l’avant-dernière étape (Jour 14). Je suis allé planter ma tente sous des bosquets d’acacias et en me réveillant j’étais comme dans un jardin enchanté avec toutes les effluves du parfum d’acacia. Un instant tellement extraordinaire que j’ai décidé d’en profiter toute la matinée…

Le deuxième moment, c’est le passage tout en contraste du mont Lozère. Je suis arrivé au sommet perdu dans l’immensité d’un paysage lunaire avec un vent glacial et je suis redescendu au Pont de Montvert, épuisé avec un temps sombre et gris (Jour 9). Le lendemain, changement total d’ambiance avec un temps magnifique et une grosse montée sous le soleil pour aller à Florac. J’ai savouré ce moment avec ce contraste si fort d’ambiance entre les deux journées.

Peux-tu nous raconter un de tes moments difficiles ?

Patrice : C’était lors de l’étape du Bleymard (Jour 8) quand je suis tombé dans une descente technique. J’ai eu une grosse frayeur. Il y avait un rocher que j’ai mal franchi et je suis tombé en avant avec le poids du sac. Je me suis demandé dans quel état était mon genou gauche qui a heurté violemment le sol. Heureusement, plus de peur que de mal. Je me suis relevé sans mon sac en le décrochant : mon genou était sensible mais opérationnel, quel soulagement !

Quels conseils pourrais-tu donner à celles et ceux qui envisagent de faire un tel périple ?

Patrice : Le premier (qui est essentiel) est de s’équiper pour marcher le plus léger possible. Mon sac à dos d’une vingtaine de kilos, c’était trop lourd et j’ai eu l’occasion de le regretter maintes fois ! Ne faites pas comme moi d’économies sur le matériel (notamment sur la tente) !

Ensuite sur la gestion du voyage en solo : entreprenez ce périple seul (e) que si vous vous en avez vraiment envie et savez le gérer. Pour moi le voyage solitaire fait partie du chemin de Stevenson, cela permet de passer du temps avec soi, de se découvrir autrement et aussi de se ressourcer.

Le dernier ce serait de vous dire : foncez et vivez l’instant présent ! Même si j’étais épuisé certains soirs, j’étais toujours en forme et plein d’enthousiasme pour repartir le lendemain. J’ai vécu tellement de moments extraordinaires !

A lire absolument : le récit complet de Nordicpat :
Récit de Nordicpat
Récit de Nordicpat
15 jours de marche nordique sur le Chemin de Stevenson

Isabelle Verdier

Journaliste, fondatrice du site Pratique Marche Nordique

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