Les ressemblances
A priori on ne voit guère de similitudes entre un marcheur nordique et athlétique : l’un utilise des bâtons et l’autre pas. On peut cependant trouver quelques ressemblances :
- La marche athlétique (MA) et la marche nordique (MN) font partie de la même grande famille de la marche ;
- Les deux disciplines relèvent toutes deux de la FFA (Fédération française d’athlétisme) qui a délégation pour organiser les compétitions officielles ;
- Il y a pour la MA comme pour la MN un travail sur le déroulé du pied qui permet la propulsion ;
- Les deux disciplines nécessitent l’apprentissage d’un geste technique ;
- Les deux sports ont du mal à attirer les jeunes. Toutefois depuis deux ans, on voit des jeunes arriver en MA.
Les différences
Il y a cependant plus de différences que de ressemblances :
Gestuelle : genou verrouillé ou pas
Cette différence est essentielle : en marche athlétique (MA), lors de la pose talon, la jambe d’attaque doit être tendue avec le genou verrouillé avec la nécessité d’avoir toujours un pied en contact avec le sol. On se sert des bras comme un moteur avec un balancier qui s’effectue le long du corps. Plus on va vite, plus on se déhanche.
Au contraire, en marche nordique (MN) les pieds et bras sont en opposition et le genou est déverrouillé lors de la pose talon. Il doit y avoir propulsion et poussée sur les bâtons.
Distance et terrains
Les épreuves de MA se déroulent sur piste (généralement sur des distances entre 3000m et 5000m) ou sur route (distance de 10, 20, 35, 50 km). On retrouve, comme en course à pied et en marche nordique des épreuves de marche athlétique de grand fond (150 à 450 km), qui sont de véritables défis humains plus encore que sportifs (Paris-Colmar, Paris-Strasbourg).
La MN se pratique en pleine nature dans des espaces naturels sur des distances pouvant varier de 5 km à une quinzaine de km. Une tendance ultra est en train de se développer en MN avec des compétitions de 12h ou 24h ou sur de longues distances (les 100 km de Fougères).
Vitesse
On va plus vite en MA qu’en MN : en compétition la vitesse la plus rapide est de 15 km/h pour les hommes comme pour les femmes (en fonction de la distance).
Pour la MN : on arrive à atteindre 10 km/h pour les femmes comme pour les hommes. Au-delà le geste se dégrade.
Equipement
En MA on est toujours en short même quand il fait froid pour que les juges contrôlent que le genou soit verrouillé, ce qui n’est pas le cas de la MN. Les chaussures sont également très différentes : en MA on utilise des chaussures de running légères sans crampons et qui sont renforcées au niveau du talon. En MN ce sont des chaussures de trail qui sont utilisées avec entre 3 et 5 mn de crampons en fonction des terrains.
Discipline olympique ancienne vs jeune discipline
La MA se pratique essentiellement dans un objectif de compétition, ce qui n’est pas le cas de la MN où la majorité des marcheurs est en mode loisir.
La compétition en MA est plus ancienne qu’en MN : elle est devenue discipline olympique en 1932 à Los Angeles, et se dispute sur 20 km (la distance de 50 Km a été supprimée aux Jeux de Tokyo en 2020). Le champion français Yohann Diniz a contribué à médiatiser la MA en remportant trois fois le titre européen du 50 km et en devenant champion du monde de la distance en 2017 à Londres.
La compétition en MN est beaucoup plus récente avec des championnats de France qui ont commencé seulement en 2015. Contrairement à la MA, il n’existe pas d’épreuves internationales régies par la World Athletics qui regroupe toutes les fédérations nationales d’athlétisme.
Fautes
Il existe seulement deux types de fautes en MA : la faute de suspension (aucun contact avec le sol) dont le marcheur est averti par un carton jaune comportant un symbole qui représente une ligne brisée en quatre (une vague), et la faute de jambe de soutien ou d’attaque non tendue dont le marcheur est averti par un carton jaune comportant un symbole qui représente une ligne brisée en deux.
En MN, il existe trois types de fautes : défaut d’alignement, défaut de poussée avant-arrière et pas de course (qui vaut un carton rouge). Cliquez ici pour voir le Règlement MNC.
Entraînements
En MA les entraînements sont très structurés et en fractionné sur des pistes de 400 m avec des échauffements beaucoup plus longs pour éviter les blessures : il faut être très concentré sur ses performances et l’apprentissage est plus long qu’en MN. Pour les longues distances, les entraînements demandent une bonne préparation mentale car les sorties sont souvent longues en temps et en km (entre 2h et 4h par séance et pas loin de 100km par semaine pour certains). On est également souvent seul pour s’entraîner en MA. C’est une discipline dure, mais qui procure énormément de plaisir.
La MN peut être pratiquée en mode loisir comme en compétition : la durée et l’intensité des entraînements varient en fonction de la pratique et des objectifs. La MN se pratique le plus souvent en groupe. Elle est non traumatisante et fait travailler tous les groupes musculaires du haut.
Conclusion : testez les différences !
Peu de marcheurs pratiquent en même temps les deux disciplines. Or il pourrait être intéressant pour les marcheurs nordiques de tester la marche athlétique, notamment pour une meilleure prise de conscience du déroulé de pied et de l’endurance. Les marcheurs athlétiques pourraient pratiquer avec profit la marche nordique pour faire travailler les muscles du haut du corps. Pierre-Olivier Roux du club UAVH Aubagne est un convaincu des deux disciplines : « en MA j’aime la sensation de vitesse un peu comme si on marchait sur l’eau, et en MN j’apprécie la convivialité et la marche en pleine nature », souligne -t-il. Et dans la pratique PO Roux planifie chaque semaine 2 séances de MA et 3 de MN.
Et vous ? Avez-vous testé en tant que marcheur nordique la marche athlétique ou vice-versa ? N’hésitez pas à apporter votre commentaire en dessous de cet article !